Foot Fauteuil: des sportifs comme les autres
Quand ils jouent au football sur leur fauteuil électrique, Mehdi et ses copains oublient complètement leur handicap et deviennent des sportifs comme les autres. Ils n’ont d’ailleurs laissé aucune chance à l’ASNL lors d’un match d’exhibition disputé en décembre dernier.
Gennaro Bracigliano et Michaël Chrétien n’ont pas souvent perdu sur le score de douze buts à zéro. La défaite était donc cuisante pour l’ASNL lors du dernier match d’exhibition de foot fauteuil contre les Jaguars de Vandoeuvre. « D’habitude, ils nous laissent au moins sauver l’honneur » rigole l’international marocain. Pour Chris Malonga, il y avait même un peu de frustration de ne pas réussir à mieux résister aux attaques répétées des Jaguars. « C’est aussi cela qui me fait très plaisir, souligne Mehdi, le capitaine de l’équipe vandopérienne. Ils viennent pour disputer un match avec leur esprit de compétition et font ainsi tomber toutes les frontières qui peuvent exister entre le sport des valides et des handicapés. C’est la plus belle des récompenses ».
Ces rencontres, organisées chaque année dans le cadre du Téléthon, offrent également des moments inoubliables à ces footballeurs en fauteuil. Ils n’ont d’abord pas l’habitude d’évoluer devant des tribunes remplies d’enfants qui les encouragent avec beaucoup d’enthousiasme. « C’est une motivation énorme de se sentir applaudi, avoue Mehdi. C’est encore plus fort quand il s’agit d’un jeune public, car cela leur donne une autre image du handicap. Ils sont même venus nous demander des autographes à la fin du match. Ils étaient aussi nombreux que pour les pros. Ce sont des moments rares et très flatteurs. »
Grâce à la participation des joueurs de l’ASNL, Mehdi espère faire sortir le foot fauteuil de l’ombre. Il avoue d’ailleurs que cela commence à porter ses fruits. Cette nouvelle notoriété leur offre davantage de crédit. « Notre situation financière tient à un fil et c’est chaque année une vraie bataille pour finaliser notre budget. Nous fonctionnons avec des subventions des collectives locales et essayons de nous prendre en charge en vendant des calendriers ou en organisant un loto. Nous pouvons aussi compter sur quelques sponsors par exemple Préviade qui nous a acheté quatre fauteuils. »
Un budget à équilibrer
Avec un prix compris entre 5 000 et 10 000 euros, le fauteuil de compétition est loin d’être bon marché. Il est pourtant primordial aux bons résultats d’une équipe. « C’est 50% de la réussite d’un joueur, explique le capitaine des Jaguars. Il doit être capable de répondre rapidement aux commandes de rotation. C’est ce qui nous permet de frapper le ballon ». Le club en possède aujourd’hui sept et utilise trois autres fauteuils de vie courante qui ont été adaptés pour le sport. Comme ils ne sont pas éternels, il faut aussi prévoir un pécule supplémentaire pour réparer la casse au cours de la saison.
Mais, ce sont surtout les déplacements qui grèvent le budget. Les Jaguars, qui ont raté la montée lors du dernier match de la saison dernière, évoluent en troisième division nationale et se déplacent régulièrement en région parisienne et même jusqu’à Rouen. Il faut alors souvent partir la veille avec des véhicules spécialisés et des auxiliaires de vie qui assurent le suivi médical. La délégation compte alors une douzaine de personnes, dont Prince qui vient de voir son contrat transformé en CDI par la ville de Vandoeuvre et dont le rôle est d’assister l’équipe en permanence et de gérer toute l’organisation logistique.
« C’est en quelque sorte mon entraîneur adjoint, rigole Mehdi. Il m’aide à préparer les séances, puisque nous nous entraînons deux à trois fois par semaine. Nous fonctionnons comme un club semi-pro avec une saine concurrence entre notre dizaine de licenciés. Grâce à la vidéo, nous cherchons systématiquement la faille dans le jeu de notre adversaire et travaillons nos schémas tactiques. Techniquement, le plus difficile est de donner de la vitesse au ballon tout en restant précis. »
Mehdi et ses copains ne sont visiblement pas sur un terrain pour faire de la figuration. Ce sont avant tout des compétiteurs. « Nous sommes tous vraiment passionnés par ce sport. Il nous permet de nous dépasser, de progresser, d’évoluer et même d’oublier notre handicap. Cela nous apporte beaucoup dans notre vie. »
Le parrain GennaroQuand Mehdi a demandé au capitaine de l’ASNL de devenir le parrain des Jaguars de Nancy, celui-ci a accepté sans hésiter. « C’est une cause qui me tient à cœur, souligne Gennaro Bracigliano. Avec Mehdi, le courant est passé dès notre première rencontre. C’est un plaisir de leur apporter un peu de lumière grâce à notre image. » Il n’en dira pas plus.
Pourtant, Medhi confirme qu’il ne s’agit pas d’un parrainage de façade. Gennaro vient régulièrement les encourager lors des rencontres désormais disputées le mercredi après-midi dans les tribunes du palais des sports de Vandoeuvre ou s’informe des résultats par téléphone. Michaël Chrétien est lui aussi resté très proche de Mehdi. « Nous avons grandi ensemble, explique le défenseur marocain. Je jouais avec son frère et Mehdi était un peu notre mascotte. C’est le meilleur dans sa discipline. Il maîtrise parfaitement le ballon et il est en plus très malin. » Des règles très simplesDérivé du football, le Foot-Fauteuil est le seul sport collectif accessible aux personnes utilisant un fauteuil électrique dans leur vie quotidienne. Il permet à des jeunes atteints par un handicap « lourd » de vivre toutes les émotions du sport. Certains sont atteints de myopathie comme Mehdi, d’autres sont paraplégiques. Deux équipes de quatre joueurs, dont un gardien, s’affrontent dans un gymnase sur un terrain de basket.
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