Le blog de la finale 2006
Pour préparer la finale de la coupe de la Ligue, l’ASNL s’était isolée cinq jours en région parisienne. Un blog avait alors été créé afin de partager cette mise au vert avec les supporters nancéiens.
Mardi 18 avril
Dix-neuf joueurs partent en mise au vert en région parisienne. Gaston Curbelo effectue son retour après plusieurs mois d'absence. Adailton et Abdoulaye Keita sont blessés et restent à Nancy avec Jérémy Sapina et Gergely Rudolf. Le groupe : Bracigliano, Sorin, Chrétien, Diakhaté, Puygrenier, Da Costa, Lécluse, André Luiz, Biancalani, Berenguer, Gavanon, Duchemin, N'Guemo, Brison, Zerka, Curbelo, Kim, Sarkisian et Kroupi.
Une heure avant que les premiers joueurs arrivent en forêt de Haye, Michel Jadot et Claude Bournon vérifient les sacs d'équipements. Ils seront chargés de veiller à ce que les joueurs ne manquent de rien durant leur petite semaine en région parisienne. Arnaud Grosjean, le kiné, a également préparé plusieurs caisses de médicaments pour palier à toute éventualité.
Devant une poignée de supporters, le bus des joueurs quitte la forêt de Haye peu après neuf heures. L'ambiance est plutôt calme. Eli Kroupi, qui souffre de maux de ventre, n'a pas la tchatche habituelle. Installé au fond du bus, il explique à André Luiz et à Sarkisian à quel point le Stade de France est « un bijou ».
Vélodrome, belote et trois portables
Un film sur la guerre en Irak est diffusé sur le réseau interne du bus, mais la plupart des joueurs optent pour une séance à la carte sur leur lecteur portable. Moncef Zerka laisse échapper quelques rires en écoutant les vannes de Dieudonné. Olivier Sorin, équipé d'un oreiller, s'allonge sur le sol dans l'allée. La presse sportive est quasiment absente. Seul un exemplaire de L'Équipe circule entre quelques sièges. Peut-être une façon de ne pas replonger dans la défaite du Vélodrome (6-0 trois jours plus tôt).
Comme à leur habitude, les anciens (Correa, Biancalani, Lécluse, Duchemin) enchaînent les parties de tarot pendant tout le trajet. Seule une pause d'une vingtaine de minutes, pour avaler rapidement café et croissants et se dégourdir les jambes, sera accordée au cours de cette matinée.
Pape Diakhaté jongle avec trois portables dont l'un uniquement réservé à sa femme et à son fils. Il confie attendre avec beaucoup d'impatience cette finale.
« C'est mon plus grand rendez-vous depuis que je suis en France, estime-t-il. Je n'ai aucune appréhension particulière, car j'ai l'habitude de jouer des grands matchs dans des stades pleins avec la sélection nationale du Sénégal. Cette finale, c'est un peu un aboutissement pour notre groupe depuis l'arrivée de Pablo. Cela peut couronner notre travail sur trois ans et demi. » L'international sénégalais rassure ensuite ses coéquipiers sud-américains qui craignent une grosse séance physique l'après-midi.
Sitôt arrivés à l'hôtel et installés deux par deux dans leur chambre, les joueurs rejoignent le salon qui leur est réservé pour le déjeuner : buffet de crudité, escalope, purée et salade de fruits frais.
Le personnel de l'hôtel entre ensuite avec deux gâteaux au chocolat pour fêter les anniversaires d'Olivier Sorin et du kiné Arnaud Grosjean. Pablo Correa prévient son gardien que cela ne doit pas le priver de payer sa tournée au vestiaire.
Première séance à L’Isle-Adam
Les joueurs bénéficient d'une heure pour se reposer avant de partir à l'entraînement. Certains en profitent pour se faire masser. Chaussures à crampons à la main, Manuel Da Costa est le premier à se présenter au bus. Le terrain se trouve à une quinzaine de minutes. Après quelques tours de terrain en guise d'échauffement, les joueurs travaillent la conservation du ballon et le jeu réduit. La séance se termine par une opposition sur une moitié de terrain. Les jaunes gagnent trois à zéro grâce à des buts de Da Costa, Kroupi et N'Guemo. Olivier Sorin, leur gardien, repousse un penalty de Gavanon.
Malgré une douleur à la cheville suite à un coup reçu à Marseille, Moncef Zerka participe à la séance. Avec le kiné, il envisage d'utiliser une escalope de veau pour soulager son pied douloureux lors des prochaines séances. Gaston Curbelo, qui vient de disputer un match entier avec l'équipe du CFA, ressent une douleur lui aussi à la cheville et passe une partie de la séance entre les mains d'Arnaud Grosjean.
Avant le dîner, Olivier Sorin est l'invité du journal télévisé de France 3 Lorraine. Assis sur les marches devant le château où les joueurs prennent leurs repas, il répond aux questions d'Olivier Meyer. Pablo Correa et quatre autres joueurs ont eux aussi rendez-vous avec la presse. Des journalistes de l'Est Républicain, l'Équipe, L'Humanité et Sports.fr ont fait le déplacement.
« Nous sommes venus ici pour être ensemble pendant cinq jours et pour nous éloigner des sollicitations » explique le coach nancéien. Puis il répond aux questions : « Ne pas avoir gagné un match depuis longtemps ne me perturbe pas plus que cela (9 matchs sans victoire). Un jour, on gagnera à nouveau et j'espère que cela sera samedi. J'ai déjà le onze de départ dans la tête et les joueurs le découvriront jeudi ou vendredi lors de la mise en place tactique. » Moncef Zerka interviendra plus tard en direct dans l'émission d'Europe 1.
Mercredi 19 avril
Situé en pleine forêt dans un parc de 35 hectares, l'hôtel qui accueille la délégation nancéienne offre calme et tranquillité. Pour le petit-déjeuner, Pablo Correa n'impose pas d'horaire fixe, mais laisse une plage horaire d'une heure entre huit et neuf. Frédéric Biancalani est plus matinal que par exemple les Brésiliens Kim et André Luiz.
Plusieurs exemplaires du journal l'Équipe sont disponibles. Le concours de pronostics sur le match Milan-Barcelone est sur presque toutes les lèvres. L'heureux gagnant de la cagnotte, unique parieur à avoir misé sur une victoire un but à zéro des Catalans, est… le chauffeur du bus. À 9h30, les joueurs prendront la direction de leur terrain d'entraînement.
Le hat-trick de Kroupi
L'entraînement débute par un échauffement puis se poursuit par plusieurs exercices physiques sous les ordres de Paul Fischer. Gaston Curbelo et Moncef Zerka s'entraînent normalement. Dans le rond central, à une quarantaine de mètres des joueurs, Pablo Correa observe.
L'entraîneur de l'ASNL enfile ensuite une chasuble jaune et participe à une opposition contre les bleus. Des couloirs sont délimités avec des plots pour inciter les joueurs à passer par les ailes. Les bleus gagnent 6-1 grâce à des buts de Diakhaté, André Luiz, Berenguer et un hat-trick de Kroupi.
L'attaquant ivoirien s'est montré particulièrement efficace, mais s'est fait chiper le prix du plus beau but par Pascal Berenguer. Son enchaînement amorti et volée dans la lucarne opposée dans un angle très fermé est un petit bijou qui soulève d'ailleurs des commentaires des quelques spectateurs assis dans la tribune : « Il faut qu'il soit titulaire en attaque ! »
Après avoir signé quelques autographes, les joueurs retournent à l'hôtel. Après une douche rapide, ils ont rendez-vous pour le déjeuner. Eli Kroupi, qui n'a visiblement plus mal au ventre, ponctue le repas de quelques rires communicatifs. Après la coupe glacée, plusieurs joueurs se rendent dans le salon cosy du bar pour prendre le café. D'autres optent pour une partie de billard ou de tennis de table.
Tennis de table, billard et pétanque
L’après-midi est consacré à la récupération. Un planning a été établi lors du déjeuner afin que chaque joueur puisse bénéficier d'une vingtaine de minutes de massage avec le kiné. « Le joueur profite de ce rendez-vous pour parler de ses petits bobos, explique Arnaud Grosjean. C'est donc une séance personnalisée selon les besoins de chacun. Je suis chargé de soulager les tensions musculaires. » Après une petite collation vers 16 heures, plusieurs joueurs laissent tomber le tee-shirt pour plonger dans la piscine couverte de l'hôtel.
Le footballeur professionnel aime le jeu. Privés de ballon ce mercredi après-midi, beaucoup optent pour un autre sport. Raquette en main, Benjamin Gavanon taquine plutôt bien la petite balle blanche, mais trouve finalement son maitre en la personne de Paul Fischer. L'entraîneur adjoint de l'ASNL, qui venait de faire 50 km à VTT, gagne les deux manches.
Aux boules, Pablo Correa se débrouille plutôt bien tout comme Michel Jadot, Gaston Curbelo et Pascal Berenguer. Enfin Emmanuel Duchemin semble le plus adroit au billard, mais il perd régulièrement face au jeu atypique de Jonathan Brison. Incompréhensible !
Le bel esprit d'équipe de l'ASNL s'explique aussi par ces moments partagés entre copains. Un autre exemple : nommé pour le trophée UNFP du meilleur gardien de L1, Gennaro Bracigliano offre l'apéritif à toute la délégation nancéienne. Et une tournée de diabolos…
Après le dîner, le staff technique et la plupart des joueurs regagnent rapidement leurs chambres pour suivre la rencontre Arsenal-Villareal sur Canal +. Sébastien Puygrenier, Michaël Chrétien et Jonathan Brison préfèrent le billard…
Jeudi 20 avril
Ce jeudi matin s'est déroulé le dernier entraînement sur la pelouse du stade de L’Isle-Adam. « Pour le moment, le programme est quasi identique à un match de championnat, explique Michael Chrétien. Ici, on ne nous parle pas tout le temps de la finale et cela nous permet de nous préparer tranquillement. On vit de belles choses ensemble ici et cela resserre encore plus les liens entre nous. Personnellement, je ne pense pas trop au match, mais il nous arrive de discuter des répercussions que pourrait avoir une victoire. Cela serait un immense bonheur pour le club, la ville, les supporters,… Maintenant, tout est possible sur un match et je pense que nous partons à égalité avec Nice. »
Eli Kroupi monte en puissance. L'attaquant ivoirien, un téléphone portable en guise de micro, fait son show dans le bus qui mène les joueurs à l'entraînement. Main sur le cœur, il entonne l'hymne ivoirien.
« Quand j'étais gamin, à l'école, il y avait la montée du drapeau chaque lundi et nous chantions l'hymne national en uniforme » raconte Eli. Pape Diakhaté confirme que c'est une tradition en Afrique et qu'il a aussi vécu cela au Sénégal.
Jeu de têtes
Pour remplacer le traditionnel tournoi de volley-tête du jeudi dans la salle couverte de la forêt de Haye, les joueurs s’affrontent sur un petit terrain et uniquement en jouant le ballon de la tête. Le but le plus (mal)chanceux est inscrit par Cédric Lécluse, qui contre un dégagement puissant d'Olivier Sorin. Le stoppeur nancéien marque, mais voit aussi trente-six chandelles…
Après une petite heure de jeu, plusieurs joueurs sont sollicités par les médias. Frédéric Biancalani, Pape Diakhaté et Pascal Berenguer répondent aux questions d'un journaliste de France 2 pour le JT de 20 heures. Pendant ce temps, Gennaro Bracigliano lance un défi : « Je paie le restaurant à celui qui me marque cinq tirs au but consécutifs. » Landry N'Guemo échoue au premier essai. Sébastien Puygrenier au troisième. Gennaro rigole : « C'est rare que je paie… »
Séance vidéo reportée
Une trentaine d'enfants du club local profitent de la visite des pros nancéiens pour récupérer quelques dédicaces. Pascal Berenguer se rappelle qu'il a commencé par l'athlétisme avant de choisir le football. Mikaël, supporter nancéien exilé en région parisienne depuis un plus de trois ans et forumiste actif sur asnl.net, a profité d'un jour de repos pour venir voir ses favoris. Revêtu du maillot du club, il accepte de poser aux côtés de Pape Diakhaté.
La séance vidéo a finalement été repoussée à vendredi matin. Les joueurs bénéficient donc d'une nouvelle après-midi de détente rythmée par les parties de boules, de billard ou de Scrabble. La rencontre Marseille-Rennes n'attire que très peu de téléspectateurs. Même les Marseillais Gavanon et Berenguer préfèrent la pétanque à l'OM…
Bertrand Fayolle a envoyé un SMS d'encouragement à Pablo Correa. « Le plaisir sera dans la victoire », écrit l’ex-Nancéien, qui annonce sa présence dans les tribunes du stade de France. L'ambiance est toujours très décontractée. Nous sommes à 48 heures du coup d'envoi de la finale de la coupe de la Ligue.
Vendredi 21 avril
Pour la première fois depuis le début de la semaine, la finale est clairement abordée lors de la séance vidéo. La projection se termine par une causerie d'une demi-heure de Pablo Correa et Paul Fischer. Comme de nombreux joueurs connectés à internet grâce au réseau WIFI de l'hôtel, Emmanuel Duchemin consulte régulièrement le blog d'asnl.net… D'autres découvrent le numéro de France Football paru ce vendredi et consacré sur plusieurs pages à Nancy-Nice.
En raison de travaux sur la petite route qui mène à l'hôtel, le bus est obligé de stationner à une centaine de mètres. Escorté par des motards, il rejoint le Stade de France en une petite vingtaine de minutes. Les joueurs sont toujours très détendus. Certains avouent tout de même redouter le moment où Pablo Correa distribuera les chasubles pour la mise en place tactique. Le bus pénètre sous l'enceinte.
Entraînement au stade de France
Les joueurs découvrent les longs couloirs verts et un peu froids du plus grand stade de France. L'ASNL, qui a gagné le tirage au sort et qui reçoit donc Nice ce 22 avril, a choisi le vestiaire qu'occupaient les Bleus lors de la finale de la coupe du Monde 1998. Le lieu, quasi mythique, est surtout très grand, mais se révèle finalement très sobre. Les joueurs devront encore patienter quelques minutes avant de fouler la pelouse. Pablo Correa prend en effet la parole pendant un quart d'heure. C'est ensuite la sortie du vestiaire, le tunnel et la découverte d'une enceinte impressionnante. La pelouse, toute neuve, est impeccable.
L'échauffement débute par quelques longueurs puis se poursuit par un classique « toro ». Pablo Correa distribue ensuite les chasubles pour travailler une option tactique pendant que Laurent Denis travaille avec les deux gardiens. L'équipe sera visiblement composée de Sorin,… et de dix joueurs de champ.
La séance se termine par quelques frappes au but. Personne n'est pressé de rentrer se doucher. À trois reprises, Pablo Correa est obligé de sonner le rappel. Jonathan Brison et Pape Diakhaté continuent même d'échanger quelques ballons dans le vestiaire...
« Ma femme n'arrête pas de m'en parler ! »
Olivier Sorin, Frédéric Biancalani, Cédric Lécluse et Moncef Zerka sont désignés pour accompagner le coach à la conférence de presse. Ils rentreront à l'hôtel en voiture. Les autres partent immédiatement après la douche. Le service de sécurité s'assure que Niçois et Nancéiens ne se croisent pas.
Face aux journalistes, Pablo Correa est à son aise et leur offre quelques notes d'humour. Au reporter de l'Equipe TV qui lui demande si cela le gène que cette finale n'intéresse personne, le coach nancéien répond : « Je ne suis pas d'accord avec vous. Ma femme n'arrête pas de m'en parler ! »
Peut-être un peu boudée par les médias notamment à cause du PSG-OM en coupe de France, cette finale va tout de même remplir le Stade de France avec 76 700 supporters. Seuls 1 200 billets attribués aux Niçois n'ont pas trouvé preneurs.
Samedi 22 avril
Les joueurs ont décidé de dédramatiser l'événement. À quelques heures du coup d'envoi de l'un des plus importants matchs de l'histoire de l'ASNL, ils effectuent un réveil musculaire, dans la bonne humeur, sur la pelouse du parc de l'hôtel. Le début de la séance est perturbé par l'irruption d'un cheval échappé du haras voisin.
L'échauffement est essentiellement basé sur des jeux avec quelques dizaines de pompes pour les perdants. Sous l'œil attentif de Michel Jadot, les joueurs se lancent ensuite dans une farandole un peu particulière. Il est en effet interdit de lâcher la main de son voisin pendant que Pascal Berenguer mène la danse. Fous rires garantis…
Cette petite séance de 45 minutes se termine par un « toro » sans réel engagement physique. Jacques Rousselot, arrivé vendredi à l'hôtel des Nancéiens, discute avec le staff technique et médical pendant que les joueurs regagnent leurs chambres.
La tête au match
Pour la première fois depuis le début de la semaine, les billes de billard sont restées dans leurs poches. Tous les joueurs entrent progressivement dans le match et retournent immédiatement dans leur chambre après un déjeuner composé de crudités, d'un steak, de pâtes et de fruits frais.
La causerie débute à 17 heures et dure une trentaine de minutes. Les joueurs prennent ensuite une collation avant d'enfiler le costume du club. Ils montent dans le bus. Direction le Stade de France ! Sur la route, des supporters klaxonnent ou agitent leurs drapeaux. La suite de l’histoire s’écrira sur la verte pelouse de Saint-Denis…